Chapitre VII: LA VALLÉE SECRÈTE.
Quelques jours après, le courrier du matin m’apporta une lettre étrange, me demandant de me rendre à une certaine adresse à Tucson, Arizona. Elle suggérait que l’information qui devait m’être donnée était de telle nature qu’elle ne pouvait l’être que de vive voix. Je m’étonnai de l’étrangeté de la missive et, cependant, me sentis intérieurement poussé à aller au rendez-vous.
Au bout de quelques jours, je me rendis à l’adresse, sonnai, et aussitôt la porte s’ouvrit devant un gentleman frisant la quarantaine, bien bâti, un mètre quatre vingt dix environ, les yeux et les cheveux gris. Je me présentai et il m’accueillit par une poignée de main cordiale et sincère. Je compris sans l’ombre d’un doute que j’avais affaire à un être loyal et sûr. Son regard était ferme et sans crainte et il donnait l’impression d’avoir une énergie sans borne. Il se dégageait de lui une harmonie intérieure et je pensai que tout ceci pouvait être le début d’une profonde et merveilleuse amitié. Lui aussi paraissait être conscient qu’un lien intérieur existait entre nous. Il me pria d’entrer et me fit asseoir.
« Vous êtes ici en réponse à ma demande, me dit-il, et elle a dû pourtant vous paraître étrange: je vous en suis très reconnaissant. Votre adresse m’a été donnée par quelqu’un dont je vous parlerai plus tard. Comme explication, voici ce que j’ai à vous dire: j’ai fait de remarquables découvertes et je vous demande d’y ajouter foi jusqu’à ce que je puisse vous emmener sur les lieux, et vous prouver la réalité et la vérité de mes dires. J’ai été avisé d’entrer directement en contact avec vous, et vous êtes la seule personne à qui je dois révéler ces choses et avec qui je dois avoir affaire. Pour commencer, je vais être obligé de vous raconter des évènements survenus il y a vingt ans.
« Dans ce temps-là, j’avais une femme; elle était très belle et je me rends compte maintenant qu’elle avait une croissance intérieure que je ne soupçonnais pas alors. Nous eûmes un fils que nous adorions. Pendant cinq ans notre bonheur fut complet, mais soudain, sans aucune raison et sans avertissement, l’enfant disparut. Nous fîmes de longues recherches et tout ce qui est humainement possible pour le retrouver, mais sans résultat. Sa mère ne se remit jamais du choc et cinq mois plus tard, elle mourut.
« Dans les derniers jours de sa vie, elle me fit une requête étrange: elle me demanda de conserver sa dépouille pendant sept jours avant de la passer à la crémation. Ceci me parut d’autant plus étrange que le sujet n’avait jamais été effleuré entre nous, cependant, j’accédai à son désir. Imaginez ma surprise quand, cinq jours après les funérailles, je reçus un coup de téléphone du gardien du caveau me disant qu’il l’avait trouvé ouvert et que le corps avait disparu. Aucun indice concernant ce curieux évènement ne fut jamais découvert.
« Un matin, seize ans plus tard, en me réveillant, je trouvai une lettre sur le plancher de ma chambre. Elle m’était adressée mais ne portait pas de cachet de la poste. Son contenu me laissa stupéfait et incrédule. Le voici: «Votre femme et votre fils sont vivants, bien portants et en pleine forme, vous les verrez bientôt. Prenez patience jusque là. Réjouissez-vous de ce que la mort n’existe pas. En temps voulu, vous recevrez par la même voie des indications qu’il vous faudra suivre à la lettre. Tout dépend de votre silence. Vous aurez l’explication complète de ce qui vous a paru si mystérieux. Vous comprendrez alors que la vérité est bien plus étonnante et bien plus étrange que n’importe quelle fiction, car même la fiction la plus extraordinaire n’est que le souvenir d’une vérité qui est réalisée quelque part dans l’Univers. Signé: un ami.»
« Mon ami, vous pouvez imaginer mon étonnement. Je ne crus d’abord pas un mot de cette histoire, mais trois jours plus tard, j’étais assis devant le feu lorsque j’entendis la voix de ma femme bien aimée aussi clairement et distinctement que si elle avait été dans la pièce à mes côtés. Elle me disait: «Robert bien aimé! Je suis vivante et heureuse et notre fils est près de moi. Nous serons si heureux lorsque vous serez de nouveau près de nous. Ne doutez pas du message que vous avez reçu, tout est vrai. On vous mènera près de nous si vous ne permettez pas au doute de fermer la porte. Je vous parle au moyen d’un Rayon sonore dont vous apprendrez un jour à vous servir.»
« Je ne pus supporter la tension plus longtemps et dis: «Montrez-vous à moi et je vous croirai!» et aussitôt, la voix répondit: «Attendez un instant!»
Au bout de trois minutes, un rayon d’une étincelante lumière dorée apparut dans la pièce, formant comme un tunnel et, à l’autre extrémité, ma femme se tenait là, dans toute sa beauté. C’était elle sans aucun doute possible. «Bien Aimé, me dit-elle, bien des miracles se sont produits dans votre vie, pendant des années, mais parce que votre attention n’était pas éveillée, nous avons dû vous attendre jusqu’à maintenant. Ayez confiance dans le message qui vous parviendra bientôt. Alors, vous viendrez à nous, et je vous assure qu’un nouveau monde s’ouvrira pour vous. Il n’y a pas de barrière pour notre grand amour.»
« Brusquement, le rayon de lumière s’évanouit et, avec lui, la voix. Ma joie était sans bornes! Je ne pouvais douter plus longtemps. Je ressentais une paix, une détente, un repos que je n’avais pas connus depuis des années. Après des semaines d’attente qui, je le sais maintenant, furent le temps nécessaire à ma préparation, le message que je désirais tant arriva, avec un plan et des indications à suivre.
« Je vis que tout ceci allait me conduire dans les hautes montagnes, au Sud-Est de Tucson, dans l’Arizona. Je préparai aussitôt mon départ, annonçant à mes amis que j’allais faire un peu de prospection. Je pris un cheval de selle et un autre pour mes bagages. Je ne rencontrai aucune difficulté à suivre les instructions qui m’avaient été données. A vol d’oiseau, j’aurais facilement couvert la distance en deux jours, mais il m’en fallut trois pour arriver près d’une gorge sans issue, que je n’aurais même pas remarquée si le détail n’avait pas été indiqué sur le plan. J’y parvins juste au coucher du soleil, et je venais d’installer mon camp lorsque la nuit tomba. Je m’enroulai dans une couverture et m’endormis rapidement, et je rêvai, avec la plus grande netteté, qu’à mon réveil, je voyais un jeune homme debout devant moi et qui me regardait.
« C’est ce qui se passa le lendemain car, à ma grande surprise, je vis le même jeune homme en chair et en os qui me regardait intensément. Il me salua chaleureusement en souriant et en disant: «Mon ami, on s’attend à ce que vous me suiviez!»
« Je remarquai que mes affaires étaient déjà prêtes. Sans plus d’information, il se retourna et me conduisit vers la tête du canyon. Une heure plus tard environ, nous nous arrêtâmes à cause d’une falaise qui semblait couper le chemin devant nous. Il posa la main sur le rocher et pressa. Une section du mur, trois mètres sur trois mètres et demi, s’enfonça de trente centimètres et glissa sur le côté. Nous entrâmes dans un tunnel qui, il y a des siècles, avait dû servir de cours souterrain à une rivière. Mon compagnon ferma l’entrée derrière nous et, comme nous avancions, une douce lumière se répandit autour de nous et nous éclaira. J’étais étonné par tout ce que je voyais, mais je me souvenais de l’admonition de ‘rester silencieux’ reçue au cours de mon instruction.
« Nous marchâmes dans le tunnel pendant plus d’une heure, et arrivâmes finalement devant une massive porte de métal. Elle s’ouvrit lentement au toucher de mon compagnon. Il se mit de côté pour me laisser passer. J’eus le souffle coupé par la beauté de la scène qui s’offrit à mes yeux: sur une centaine d’acres environ, devant nous, s’étendait une vallée inondée de soleil, d’une surprenante beauté. «Mon ami, dit le jeune homme, vous revenez chez vous après une longue absence et vous allez bientôt tout comprendre.»
« Il me conduisit vers une magnifique résidence, au pied d’une falaise verticale, à l’extrémité supérieure de la vallée. Comme nous approchions, je pus voir de nombreuses espèces d’arbres fruitiers, et des légumes qui poussaient en abondance. Des oranges, des dattes, des noix, des pécans… Une belle chute d’eau tombait de la falaise et formait un lac limpide à sa base.
« Le bâtiment était massif et semblait être là depuis des siècles. Nous étions presque arrivés lorsqu’une femme vêtue de blanc apparut sur le seuil. Je reconnus ma femme, plus belle que jamais. Je la serrai dans mes bras. Après toutes les angoisses de ces années écoulées, mon émotion était trop forte. Elle se retourna et, mettant son bras autour du jeune homme qui m’avait conduit, elle dit: «Robert, voici notre fils!
– Mon fils!»
« C’est tout ce que je pus articuler tellement la surprise me suffoquait. Il s’avança, mit ses bras autour de nous deux, et nous restâmes ainsi quelques instants, plongés dans un sentiment de profond amour et de gratitude envers la vie, heureux finalement. Je réalisai soudain que seize années s’étaient écoulées depuis sa disparition et que, à présent, il devait avoir vingt et un ans. Il répondit à ma pensée et me dit: «Oui, père, j’ai vingt et un ans. Demain, c’est mon anniversaire.
– Comment pouvez-vous lire ma pensée aussi facilement, lui demandai-je.
– Oh! C’est une chose très facile et très courante pour nous, répondit-il. Vous trouverez cela naturel, et vraiment simple, vous aussi, quand vous aurez compris comment le faire. Venez, continua-t-il, vous devez avoir faim. Allons manger quelque chose.»
« Leurs bras autour de moi, nous entrâmes dans cette ancienne demeure. L’intérieur était décoré d’onyx rose et de marbre blanc. Ils me conduisirent vers une jolie chambre inondée de soleil où je pus me rafraîchir. Je vis ensuite qu’on m’avait préparé un costume de flanelle blanche qui m’allait parfaitement. Ceci me surprit encore mais, de nouveau, je me rappelai le commandement de rester silencieux. Je descendis et me trouvai face à un gentleman de belle apparence; il avait à peu près ma taille et de grands yeux sombres et perçants.
« Mon fils nous présenta: «Mon père, voici notre Bien Aimé Maître Eriel. C’est lui qui nous a sauvé la vie à Mère et à moi; il nous a instruits pendant toutes ces années, jusqu’à ce que vous soyez suffisamment préparé pour nous rejoindre. C’est lui qui vous a envoyé le message et les indications pour venir, car le temps est venu pour vous de recevoir un véritable entraînement.»
« Nous entrâmes dans la salle à manger, qui était somptueuse, et je ne pus m’empêcher d’exprimer mon admiration. Elle avait été placée à l’angle Sud-Est de la maison, au rez-de-jardin, et était inondée de soleil du matin au soir. Les murs étaient lambrissés de noyer aux sculptures profondes; les solives apparentes, au plafond, alternaient avec des incrustations hexagonales. Une solide pièce de noyer, épaisse d’au moins cinq centimètres, reposait sur un piédestal abondamment sculpté et servait de table. Elle paraissait avoir plusieurs milliers d’années. Nous prîmes place autour et, aussitôt, un jeune homme plutôt élancé entra. Mon fils me le présenta également: «Voici mon frère Fun Wey, que notre Maître a ramené de Chine alors qu’il n’était encore qu’un enfant, en danger de perdre la vie. Il appartient à une très ancienne famille chinoise et peut accomplir des choses merveilleuses. Il a toujours désiré nous servir et c’est un privilège pour nous de pouvoir l’appeler frère. Il est sans doute une des natures les plus joyeuses que j’ai connue.»
« Parmi les mets servis pour le petit déjeuner, il y avait des fraises parfumées, des dattes et des gâteaux aux amandes. Nous passâmes ensuite dans le living-room et le Maître Eriel me dit: «Au moment où votre femme bien aimée, qui est votre Rayon Jumeau, fut sur le point de quitter son corps, je vis la possibilité de lui donner une certaine assistance qui lui permettrait de passer dans l’état ascensionné, et d’avoir ainsi une bien plus grande liberté et une plus grande capacité de service. Ce fut pour moi un grand privilège et une grande joie de pouvoir l’aider.
«J’ouvris le cercueil, lui rendis la conscience, et lui donnai la possibilité d’éthérialisation, parce que son désir pour la Lumière était grand. Ce furent son Adoration pour la Lumière et sa constante Aspiration vers elle qui rendirent son Ascension possible. Je lui ai expliqué tout cela le jour où vous pensiez qu’elle avait trépassé.
«Tous les trois, vous avez été mes enfants dans une très ancienne incorporation. Un grand amour prit alors naissance et a duré à travers les siècles. C’est ce grand amour qui a rendu possible cette assistance et l’Ascension de votre femme.
«Votre fils fut enlevé dans le but de vous extorquer une rançon. Les deux criminels qui avaient effectué cet enlèvement l’ont amené vers ce canyon. Ils se prirent de querelle et l’un d’eux projeta de tuer l’enfant. Mais je leur apparus et le leur pris. Ils furent paralysés par leur propre peur et ni l’un ni l’autre ne s’en remit. Ils ont trépassé quelques semaines plus tard.
«Celui qui prend délibérément la vie d’un autre être humain, ou décide mentalement de le faire, met en mouvement une cause qui lui fera perdre sûrement la sienne. Désirer la mort de quelqu’un provoque la même chose car ce désir s’en va vers la personne et, ensuite, il revient vers celui qui l’a envoyé.
«Très nombreuses sont les personnes qui provoquent leur propre désintégration par cette très subtile activité du moi humain, car personne n’échappe à la Loi Immuable du Karma. La réaction opère selon de nombreux modes, et c’est parce que l’humanité se complaît dans de tels sentiments et de telles pensées que la race, dans son ensemble, a expérimenté la dissolution de corps après d’autres corps.
«Le nombre de personnes mourant de violences physiques est infinitésimal en comparaison des morts survenues par ces activités subtiles de la pensée, du sentiment et de la parole. La race humaine n’a cessé de se tuer pendant des milliers d’années de cette façon occulte parce qu’elle ne veut pas apprendre la Loi de la Vie et lui obéir.
« Il n’y a qu’une seule Loi de la Vie et cette Loi est l’Amour.
«L’individu conscient, pensant, qui se refuse d’obéir au Décret bienfaisant et éternel, ne pourra jamais garder son corps physique. En effet, tout ce qui n’est pas l’Amour, en pensée, parole, sentiment et action, intentionnel ou non, dissout la forme. Et la Loi agit dans tous les cas. Les pensées, paroles et actions ne sont que de la force mise en action, et elles se meuvent éternellement dans une orbite qui leur est propre.
«Si l’homme savait qu’il ne cesse jamais un seul instant de créer, il comprendrait, par la Présence Divine qui est en lui, qu’il peut se débarrasser des mauvaises créations et s’en libérer. Il tisse un cocon de discorde humaine autour de lui, s’y endort, oubliant temporairement que, ayant pu le construire, il peut aussi le briser et s’échapper de sa prison. En se servant des ailes de l’âme – l’Adoration et la Détermination – il peut s’élancer hors des ténèbres auto créées. Alors, il vit à nouveau au centre de son être, dans la Lumière et la Liberté de son Soi Divin.
«En ce qui vous concerne, vous et votre famille bien aimée, le nuage qui a paru contenir tellement de tristesse est évaporé, et a révélé son envers merveilleux et glorieux. Vous voici entrés dans la Splendeur Rayonnante de la Lumière, et vous n’en sortirez plus jamais.
«Dans la plupart des cas, si les êtres humains connaissaient les plans merveilleux qui ont été conçus pour eux, ils les entraveraient.
«Vous avez été invité ici, non seulement pour retrouver vos bien aimés, mais aussi pour recevoir une instruction définie concernant l’Existence, l’Usage et la Direction du Pouvoir Divin qui est latent en vous. Lorsque vous aurez compris comment le libérer et le contrôler, tout vous sera possible.
«Vos bien aimés ont utilisé le rayon du son et de la lumière pour communiquer avec vous, et cette connaissance et le pouvoir qui lui est inhérent vont vous être dévoilés. A votre tour, vous serez capable de les utiliser, consciemment et à volonté. Vous avez une grande sensibilité et, lorsqu’elle sera consciemment contrôlée, vous obtiendrez la Conscience du Pouvoir Divin qui est prêt à être utilisé à chaque instant.
«Vous recevrez un entraînement de six semaines, puis vous retournerez dans le monde extérieur pour vous servir de la connaissance que vous aurez reçue. Revenez ensuite quand vous voudrez, car vous êtes maintenant l’un des nôtres.»
« Je ne pourrai jamais dire ce que furent ces six semaines pour moi. Je fus surpris de constater que j’étais capable de comprendre et de me servir d’instructions si transcendantes! Bientôt, ma confiance en moi-même augmenta et tout devint encore plus facile. Ce qui semble mystérieux et inhabituel aux humains est naturel et normal pour cette prodigieuse ‘Présence Intérieure’.
« Je dus réaliser que j’étais vraiment le Fils de Dieu. Comme Fils de la Source de Tout Bien, cette Sagesse Énergie Illimitée obéissait à ma Direction Consciente, et lorsque je La dirigeai comme le fait un Maître, Elle produisait des effets instantanés. Et au fur et à mesure que grandissait ma confiance dans ma faculté de me servir de la Grande Loi, les manifestations devenaient de plus en plus rapides.
« Je suis encore émerveillé par la Sagesse et l’Amour intarissables de ce Grand Maître. Nous l’aimons avec une profonde dévotion et d’un amour plus grand qu’aucun amour pouvant unir des enfants à ses parents, car le lien d’amour qui se forme par le don de la connaissance spirituelle est éternel et bien plus profond que tout amour pouvant naître d’une expérience humaine, si beau et si fort qu’il puisse être. Souvent, Il nous disait: «Si vous voulez faire de vous-même une fontaine éternelle d’Amour Divin, le déversant partout où vos pensées se dirigent, vous deviendrez un aimant si puissant qu’il vous faudra appeler à l’aide pour distribuer tous les biens que vous aurez attirés. La paix et le calme des sentiments obtiennent la soumission du moi extérieur, mais vous devez les imposer avec autorité.»
« Un jour, après avoir fait un discours remarquable sur ‘le droit de propriété de Dieu’, il me regarda avec intensité et me proposa une promenade. Il me conduisit dans la vallée, vers l’extrémité opposée à celle par où nous étions entrés. Près du mur Sud, courant parallèlement à lui d’Est en Ouest, se trouvait une crête qui s’élevait directement du sol jusqu’à une hauteur d’environ deux mètres cinquante, et sur une longueur de soixante mètres, pour se perdre à nouveau dans le sol. Lorsque nous approchâmes, je vis que c’était une veine de quartz blanc. Le Maître Eriel s’avança vers l’endroit où la veine s’enfonçait dans le sol et, du pied, en détacha un morceau. Je vis qu’il était très riche en or. Mon amour humain pour l’or essaya de se manifester mais la ‘Présence Intérieure’ le maîtrisa instantanément. Avec un sourire, le Maître me dit: «C’est bien. Maintenant, j’ai à faire en Europe, il me faut vous quitter.»
« En continuant de sourire, il disparut. C’était la première fois qu’il me montrait ainsi l’étendue de ses pouvoirs. Et à peine était-il parti que mon fils devint visible à l’endroit exact où Eriel avait disparu. Il se réjouit de ma surprise. «Mère et moi, dit-il, pouvons transporter nos corps où nous le voulons de la même manière. Ne soyez pas surpris, c’est une loi naturelle et cela vous semble étrange parce que vous ne savez pas encore l’utiliser. Ce n’est en fait pas plus difficile ou extraordinaire que ne l’aurait été le téléphone pour des gens du moyen-âge. S’ils avaient connu la loi de sa construction, ils auraient pu s’en servir, aussi bien que nous dans ce siècle.»
« Depuis cette visite à ma famille dans la Vallée Secrète, je me suis rendu là-bas sept fois. La dernière fois que je revins dans le monde extérieur, le Maître me donna votre adresse; et je vous ai demandé de venir: Il vous invite à m’accompagner lors de mon prochain retour vers lui. »
Mon hôte s’aperçut tout à coup que nous avions parlé plusieurs heures et s’excusa d’avoir abusé de ma patience. Je lui dis que le récit de ses expériences m’avait tellement captivé que j’en avais perdu la notion du temps. Je dis tout de suite franchement que j’acceptais avec une profonde reconnaissance l’invitation du Maître Eriel.
Un moment plus tard, un grand jeune homme pénétra dans la pièce. « Permettez-moi de vous présenter notre frère Fun Wey », dit mon hôte, et dans le plus parfait anglais, le nouveau venu ajouta: « Mon Frère au Cœur de Lumière a fait un long voyage. Mon Cœur bondit de joie et entre en extase au contact de sa Rayonnante Sérénité », puis, s’adressant à mon hôte directement, il dit: « Comme je savais que vous étiez occupé, je suis venu vous servir. »
« Cela nous fera très plaisir de rompre le pain avec vous », me dit mon nouvel ami en se tournant vers moi et, ensemble, nous passâmes dans la salle à manger.
Le dîner fut délicieux et quand il fut terminé, notre hôte reprit la conversation interrompue et me relata plusieurs de ses expériences avec le Maître Eriel. Du point de vue humain, elles étaient remarquables, mais du point de vue de notre Divinité, tout était et est parfaitement naturel.
Tout à coup, un rayon de lumière, ou plutôt un Tube de Lumière pénétra dans la pièce et, d’après la conversation, je compris que c’était le Rayon Jumeau de mon hôte qui parlait. En dirigeant le Rayon vers moi, il dit: « Bien Aimée, permettez-moi de vous présenter le Frère que le Maître Eriel m’a demandé de Lui ramener. »
Je vis alors son Rayon Jumeau et je l’entendis aussi clairement que si elle avait été dans la pièce à côté de nous. Cette façon de communiquer est une expérience très agréable. Il est possible, en effet, de condenser de la Lumière de manière à former un tube à travers lequel le son et la vision peuvent être projetés. Il était aussi réel que le rayon d’un projecteur.
Mon hôte insista pour me garder chez lui jusqu’à notre départ pour les montagnes. Une semaine après notre rencontre, nous partîmes avant l’aube. Je vécus alors une des expériences les plus mémorables de ma vie. Tout ce qu’il m’avait dit se vérifia jusque dans les moindres détails. Notre arrivée à la Vallée Secrète fut un évènement joyeux et notre bonheur fut comblé. Je fis la connaissance du Rayon Jumeau de mon hôte et de leur fils. On me fit visiter l’ancienne demeure où tant d’étudiants avaient acquis la véritable compréhension des Lois de l’Être et avaient atteint leur Libération. Cette demeure est utilisée, ici, dans la Vallée Secrète, depuis plus de quatre mille ans.
C’était une merveilleuse sensation que de se trouver dans un endroit où la Grande Puissance Divine avait été concentrée pendant de si nombreux siècles, et dont les Maîtres Ascensionnés avaient fait un Centre pour accomplir une partie de leur Service. Un jour que je réfléchissais aux Bénédictions obtenues par les étudiants qui avaient eu le privilège de venir ici, le Maître Eriel m’adressa la parole.
« Mon Fils, commença-t-Il, vous approchez d’une merveilleuse libération. Persistez dans l’acceptation constante de votre Maître Présence Intérieure et vous aurez des raisons de vous réjouir grandement. »
Il étendit la main et le voile entre le visible et l’invisible fut écarté. « Je veux que vous voyiez, continua-t-Il, comme nous qui avons fait notre Ascension, l’activité majestueuse et sublime de notre monde. Ici, nous avons la preuve permanente que nous sommes des Fils de Dieu, parce qu’il n’y a plus en nous ni peur, ni doute, ni imperfection. »
Je n’oublierai jamais la joie et le privilège dont je fus l’objet durant les jours que je passai parmi ces Êtres Merveilleux.
« Chaque jour, me dit Eriel, vous serez le témoin de l’Activité des Rayons du Son et de la Lumière. Ils annihilent le temps et l’espace, et l’humanité les emploiera dans un proche avenir comme elle emploie tout naturellement le téléphone à présent. C’est là une activité remarquable que l’individu peut apprendre à diriger. Un Rayon de Lumière peut être formé et dirigé de façon à être employé comme un crayon, pour écrire sur du métal ou dans le ciel, et l’écriture reste visible aussi longtemps que l’opérateur le désire.
« Lorsqu’un étudiant est suffisamment fort pour résister aux opinions du monde de l’ignorance, il est alors à même de rendre témoignage de la Merveilleuse Activité Divine Individualisée, manifestée par les Maîtres Ascensionnés. Jusqu’à ce qu’il en soit capable, la force qui émane de la suggestion et de la radiation du doute d’autrui le troublera de façon intermittente au point de lui faire abandonner parfois la quête de la Vérité. L’interruption du courant de l’Instruction est de la discorde. La discorde est le coin et la manière subtile dont se sert la force sinistre sur cette Terre pour pénétrer dans l’activité extérieure de l’étudiant qui a décidé de faire face à la Lumière.
« L’action du doute est très subtile car c’est un sentiment qui s’introduit dans l’être avant qu’il ne se soit rendu compte de son existence. Cette action est persistante au-delà de tout ce qu’on peut imaginer, et sa croissance est si insidieuse que la personne ne s’en rend compte que par le fait accompli.
« Ce sentiment commence par un léger doute. Un doute n’a besoin d’être ressenti que deux ou trois fois avant de devenir de la méfiance. La méfiance se met à tourbillonner deux ou trois fois dans le corps émotionnel et devient le soupçon. Et le soupçon, c’est déjà de l’autodestruction.
« Souvenez-vous de ceci, Mon Fils, lorsque vous retournerez dans le monde extérieur. Ce sera votre sauvegarde dans chaque expérience de votre vie, et ainsi vous ne serez pas touché par la discorde. Si quelqu’un exprime le soupçon, il sera soupçonné, car chacun trouve dans son monde ce qu’il y met. Ce ‘Décret Éternel et Irrévocable’ opère dans tout l’Univers. Toutes les impulsions de la conscience reviennent au centre d’émission: pas un seul atome n’échappe à cette Loi.
« Le véritable étudiant de la Lumière fait face à la Lumière. Il L’envoie devant lui, voit Son Rayonnement baignant toutes choses partout où il se trouve, et il L’adore constamment. Il se détourne du doute, de la peur, du soupçon, de l’ignorance de l’intellect humain, et ne connaît que la Lumière, Elle est sa Source, son Vrai Soi. »
Sur ces derniers mots, Eriel me dit adieu, et je revins à la routine quotidienne de la vie extérieure.